Arme 7 : La vie de prière
Il serait curieux que la prière soit absente dans la liste des armes du chrétien. Elle vient ici en dernière position, mais elle est capitale : « Vivez dans la prière et les supplications ; priez en tout temps, dans l'Esprit ; apportez-y une vigilance inlassable » (Ep 6, 18).
De façon naturelle, le simple fait de prier nous fait penser à Dieu, nous inspire de suivre sa volonté, de faire le bien et de renoncer au Malin et à ses séductions. Quand un chrétien commence à ne plus aller à la messe, à ne plus prier, c'est sûr que progressivement, il va glisser de plus en plus dans les œuvres de ténèbres. Et réciproquement, celui qui est accroché au péché et qui s'y plaît aura du mal à prier, parce que sa conscience, pour rester tranquille ne veut pas penser à Dieu. Il peut faire semblant, mais c'est superficiel.
Satan est plus fort que nous, il est de loin plus rusé que nous. C'est un ange à qui Dieu n'a pas retiré ses pouvoirs bien qu'il ait décidé de combattre contre Dieu. Nous ne pouvons pas combattre le diable avec nos propres forces. Qui donc peut nous aider ? Qu'est-ce qui va nous arracher de l'Ennemi en dehors de notre communion avec le Seigneur ? Il ne peut pas y avoir de communion avec Dieu sans la prière. C'est quand on est uni à lui qu'il peut nous montrer ce qu'il faut faire.
Tout le monde connaît le Psaume qui dit : « Le Seigneur est ma lumière et mon salut, de qui aurais-je crainte ? Le Seigneur est le rempart de ma vie, devant qui tremblerais-je ? Si des méchants s'avancent contre moi, pour me déchirer, ce sont eux, mes ennemis, mes adversaires, qui perdent pied et succombent... » (Ps 27(26), 1-2).
Dans un autre Psaume, il est écrit : « Je dis au Seigneur : Mon refuge, mon rempart, mon Dieu, dont je suis sûr ! C'est lui qui te sauve des filets du chasseur et de la peste maléfique ; il te couvre et te protège. Tu trouves sous son aile un refuge : sa fidélité est une armure, un bouclier. Tu ne craindras ni les terreurs de la nuit, ni la flèche qui vole au grand jour, ni la peste qui rôde dans le noir, ni le fléau qui frappe à midi. Qu'il en tombe mille à tes côtés, qu'il en tombe dix mille à ta droite, toi, tu restes hors d'atteinte » (Ps 91(90), 2-7).
C'est parce qu'il s'appuie sur le Seigneur que le chrétien n'a pas peur. Si Dieu ne le protège pas, il ne peut pas tenir. Si Dieu ne nous protège pas, ce ne sont pas des fétiches, des bagues ou des amulettes qui peuvent nous protéger. On ne peut pas combattre Satan avec des choses qui lui appartiennent : le diable n'est pas divisé contre lui-même, sinon son royaume ne se maintiendra pas (cf. Lc 11, 17-18). La preuve, quand deux féticheurs se lancent des défis, l'un d'eux finit par mourir. C'est celui qui s'est le plus donné au diable qui l'emporte. C'est tout.
Jésus a beaucoup insisté sur la nécessité de prier afin de résister au péché : « Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation : l'esprit est ardent, mais la chair est faible » (Mt 26, 41). Ce doit être une prière continuelle : « Priez sans cesse. En toute condition soyez dans l'action de grâces » (1 Th 5, 17-18). « Demandez et l'on vous donnera ; cherchez et vous trouverez ; frappez et l'on vous ouvrira. Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père qui est dans les cieux en donnera-t-il de bonnes à ceux qui l'en prient » (Mt 7, 7.11).
Mais curieusement, beaucoup de gens veulent les grâces, mais ils ne veulent pas prier. C'est trop facile. Quand les gens ont des problèmes, ils sont prêts à demander à ce qu'on prie pour eux. Ils oublient qu'ils doivent être les premiers à prier. Ce n'est pas comme chez les féticheurs, où l'on explique son problème, le féticheur fait ce qu'il a à faire et puis on repart faire mécaniquement ce qu'il a demandé. Non. On peut demander l'intercession d'autres personnes, mais cela ne nous dispense pas de prier. « Priez pour moi, priez pour moi ». C'est trop facile de confier le devoir de prier aux autres et de se réserver le droit de ne pas prier. Ceux qui pensent qu'ils n'ont pas le temps, qu'ils ont trop d'occupations sont ceux qui devraient le plus prier, car sans prière, nos activités ne sont pas fructueuses : on court, on se fatigue, mais l'efficacité est faible.
Lorsqu'on prie, il se peut que l'on obtienne ce que l'on demande. Il faut savoir rendre grâce à Dieu. Souvent, lorsqu'on n'a pas encore ce que l'on demande, on se plaint, alors que très souvent, on obtient des choses qu'on n'a pas demandées. Dans ce cas, on ne se plaint pas. C'est à peine si l'on songe à rendre grâce à Dieu.
Quand on n'a pas (encore) ce que l'on veut, il y a plusieurs possibilités. Il se peut que la demande ne soit pas conforme à la volonté de Dieu : par exemple prier pour que son ennemi sombre, demander une voiture afin de se faire voir, etc. Saint Jacques l'a souligné : « Vous demandez et ne recevez pas parce que vous demandez mal, afin de dépenser pour vos passions » (Jc 4, 3).
Dieu peut aussi éprouver notre patience, notre fidélité, en retardant l'exaucement de notre prière, pour voir si dans l'épreuve, nous allons lui rester fidèle ou bien nous allons vite passer chez l'ennemi pour régler nos problèmes. Dieu peut aussi juger que ce que l'on demande va nous nuire ou nous conduire au péché. Dieu fait toute chose belle en son temps. Il faut rester patient, prier sans se décourager, en terminant toujours comme Jésus : « non pas ma volonté, mais la tienne » (cf. Lc 22, 42).
Le péché aussi peut être un blocage à la prière. « La supplication fervente du juste a beaucoup de puissance » (Jc 5, 16). Par contre, le Seigneur dit à certains : « Quand vous étendez les mains, je détourne les yeux ; vous avez beau multiplier les prières, moi je n'écoute pas. Vos mains sont pleines de sang : lavez-vous, purifiez-vous ! Ôtez de ma vue vos actions perverses ! Cessez de faire le mal, apprenez à faire le bien ! Recherchez le droit, redressez le violent ! Faites droit à l'orphelin, plaidez pour la veuve ! » (Is 1, 15-17) C'est logique : on veut que Dieu fasse ce que nous voulons et en même temps on ne veut pas faire un effort pour quitter son péché qui offense fortement Dieu. C'est vrai qu'« il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes » (Mt 25, 45), mais il ne faut pas exagérer. Ce n'est pas pour cela qu'il faut rester mauvais et exiger des grâces (cf. Rm 6, 1).
Pour pouvoir résister au démon par l'arme de la prière, le chrétien catholique même s'il est paresseux, a plusieurs options. Ce qui est absolument obligatoire sous peine d'être en état de péché grave, c'est la participation à la messe le dimanche et les fêtes d'obligation. La messe est la plus grande prière, c'est un sacrement. Pendant la messe, Jésus se fait réellement présent et on le reçoit dans la sainte Communion, si l'on est baptisé et si l'on a reçu la première communion et quand on n'a pas conscience d'être en péché grave. Quand on a commis des péchés graves, les péchés contre les 10 commandements, il faut se confesser d'abord. Et lorsqu'on ne communie pas à la bouche, il faut bien vérifier que l'on a consommé tous les petits morceaux qui peuvent rester sur la main et sur les doigts. Ah oui, chaque fragment est le Corps très sacré de Jésus qu'on ne doit pas laisser tomber.
Comme autres formes de prières, il y a l'adoration eucharistique, le chapelet, l'écoute de la Parole, des neuvaines, etc. Les prières déjà faites, c'est bien, mais il faut souvent prier avec ses propres mots, parler à Dieu cœur à cœur. Il faut éviter la gourmandise spirituelle qui consiste à vouloir faire toutes les prières que l'on trouve : on prie en désordre, on en vient même à avoir peur, à croire que quelque chose va arriver si on n'a pas pu dire telle prière. Ce n'est pas une bonne attitude. Il faut pouvoir prier régulièrement et être en paix.
Il faut surtout une vie sacramentelle régulière : la messe et la confession. Si on vit dans la prière, on ne doit pas vivre dans le désordre. On ne peut pas combattre si l'on vit dans le désordre. La confession justement aide à effacer les péchés, à repartir de zéro. Je recommande vivement le chapelet ou le Rosaire selon les possibilités de chacun. C'est une prière puissante. Pendant les retraites, les après-midis sont réservés à la prière du Rosaire, et on voit les fruits. Beaucoup de participants continuent le Rosaire après les retraites parce qu'ils ont compris qu'avec Marie, on est plus vite exaucé. Et elle nous conduit à son fils.
Il faut prier, malgré les distractions, les somnolences, etc. Il se peut qu'à certaines périodes nous n'ayons pas envie de prier. C'est la sécheresse spirituelle. Il faut prier quand même. Cela arrive à tout le monde, même aux saints. Plus on prie, plus l'ennemi prend des coups, plus il nous attaque, il nous tente. Mais il faut persévérer. N'oublions pas d'invoquer l'Esprit Saint. « L'Esprit vient au secours de notre faiblesse ; car nous ne savons que demander pour prier comme il faut ; mais l'Esprit lui-même intercède pour nous en des gémissements ineffables, et Celui qui sonde les cœurs sait quel est le désir de l'Esprit et que son intercession pour les saints correspond aux vues de Dieu » (Rm 8, 26-27).