L'Islam

Je dis toujours qu'il y a de bons musulmans qui cherchent vraiment Dieu de tout leur cœur, qui prient sérieusement, qui évitent de commettre le mal. « L’Église regarde [...] avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu unique, vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, qui a parlé aux hommes. Ils cherchent à se soumettre de toute leur âme aux décrets de Dieu, même s’ils sont cachés, comme s’est soumis à Dieu Abraham, auquel la foi islamique se réfère volontiers. Bien qu’ils ne reconnaissent pas Jésus comme Dieu, ils le vénèrent comme prophète ; ils honorent sa Mère virginale, Marie, et parfois même l’invoquent avec piété. De plus, ils attendent le jour du jugement, où Dieu rétribuera tous les hommes après les avoir ressuscités. Aussi ont-ils en estime la vie morale et rendent-ils un culte à Dieu, surtout par la prière, l’aumône et le jeûne » (Concile Vatican II, Déclaration sur les relations de l'église avec les religions non chrétiennes Nostra aetate, n°2).

Cette estime des personnes qui vivent sincèrement leur foi, ne doit pas empêcher de regarder ce qu'est fondamentalement leur religion. Parler de l'Islam est délicat et sensible. Cependant, je voudrais évoquer ici deux questions particulières qui me sont régulièrement posées et qui méritent une réponse : celles de savoir si nous avons le même Dieu et si Mohamed est le Paraclet que Jésus avait promis à ses disciples.

L'Islam parle de Dieu, mais leur conception de Dieu est différente de celle des chrétiens. Il parle de Dieu en s'inspirant de l'Ancien Testament. J'ai parlé du christianisme, en partant d'Abraham. L'Islam aussi parle d'Abraham, mais pourquoi nous n'aboutissons pas à la même conclusion ? L'Islam part d'Abraham puis dévie et parle d'autre chose. L'Islam prétend reconnaître les Évangiles alors que dans la pratique, tous les enseignements de Jésus y sont ignorés. Plusieurs attitudes et comportements en Islam sont tirés de l'Ancien Testament : polygamie, divorce [1], ablutions, ne pas manger la viande de porc, prier dans une direction donnée, etc. Or, l'Ancien Testament est une étape de la pédagogie de Dieu. Nous avons désormais un nouveau référentiel avec l'avènement de Jésus-Christ, le Nouveau Testament.

Jésus, dans sa prédication, récapitule tous les prophètes. Et en partant des prophètes, il rejoint Abraham et la Révélation. C'est une Révélation continue, une seule ligne. L'Islam quant à lui, parle d'Abraham sans faire cas de tous les prophètes mentionnés dans la Bible : Isaïe, Ézéchiel, Daniel, Osée, Amos, Joël, etc. L'Islam ne parle pas du tout d'eux.

Que dit le prophète Isaïe ? « Voici, la jeune femme est enceinte, elle va enfanter un fils et elle lui donnera le nom d'Emmanuel » (Is 7, 14). C'est de Jésus qu'il parle. Quand Jésus a commencé son ministère, il est entré dans la synagogue, on lui remet le livre d'Isaïe et il lit : « L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a consacré par l'onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres. Il m'a envoyé annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur » (Lc 4, 18-19). Quand il a fini de lire, qu'a-t-il dit ? « Aujourd'hui s'accomplit à vos oreilles ce passage de l’Écriture » (Lc 4, 21).

Donc, tout ce qu'ont dit les prophètes s'est accompli en Jésus. En d'autres termes, avec Jésus, la Révélation est complète, et il n'y a plus de nouvelle révélation à attendre de la part de Dieu jusqu'au retour glorieux du Christ (cf. He 1, 1-2). Dès lors, si quelqu'un vient à contredire ce que Jésus a dit, et contredire aussi tous les prophètes, il contredit de ce fait toute la Révélation. C'est pourquoi saint Paul disait : « Eh bien ! si nous-même, si un ange venu du ciel vous annonçait un évangile différent de celui que nous avons prêché, qu'il soit anathème ! Nous l'avons déjà dit, et aujourd'hui je le répète : Si quelqu'un vous annonce un évangile différent de celui que vous avez reçu, qu'il soit anathème ! » (Ga 1, 8-9). Il est alors légitime de se demander de quel Dieu il s'agit dans l'Islam et de quel Dieu Mohamed est le prophète.

Lorsque les musulmans disent que Jésus Christ n'est qu'un prophète, qu'il n'est pas Dieu, qu'il n'est pas le Fils de Dieu, parce que Dieu n'a pas de femme, c'est très grave du point de vue de notre foi, puisque Jésus a dit : « Moi et le Père nous sommes un » (Jn 10, 30). De plus, dans le Prologue de l'évangile de saint Jean on lit : « Au commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu. Il était au commencement avec Dieu. Tout fut par lui, et sans lui rien ne fut ... Et le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous » (Jn 1, 1-14). Il est donc clair que Jésus Christ est le Verbe Créateur qui s'incarne pour devenir le Verbe Rédempteur, le Verbe sauveur.

S'ils ne reconnaissent pas Jésus Christ comme vrai Dieu et vrai homme, alors ils ne le reconnaissent pas comme sauveur. S'il n'était qu'homme, comment pourrait-il nous sauver ? Comment ? Il ne pouvait pas mourir et ressusciter pour nous, il ne pouvait pas prendre nos péchés. Le chrétien qui admettrait que Jésus Christ n'est qu'un homme rejette aussi le salut. C'est une apostasie. Il se condamne lui-même. C'est parce que Jésus Christ est vrai Dieu et vrai homme qu'il nous a libéré du péché, et il nous donne en héritage la Vie éternelle. Et en dehors de lui, « il n'y a pas sous le ciel d'autre nom donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés » (Ac 4, 12).

Et comme le dit Jésus dans sa prière sacerdotale, « la vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul véritable Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ » (Jn 17, 3). Donc, connaître Dieu le véritable, et connaître qui est vraiment Jésus-Christ, c'est posséder la vie éternelle. Et le véritable Dieu c'est qui ? C'est le Dieu de Jésus-Christ, c'est le Dieu d'amour. « Dieu est Amour » (1 Jn 4, 8.16). Après sa conversion, l'irakien Joseph Fadelle, remarque que parmi les 99 attributs de Dieu dans le Coran, ne figure pas l'Amour. Il raconte dans son livre [2] la violente persécution qu'il a subi de la part de sa propre famille à la suite de sa conversion. Il a du s'exiler en France pour échapper à la mort.

Comment le Dieu d'amour qui a dit : « Tu ne tueras pas » (Ex 20, 13), « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Mt 19, 19), et encore : « Aimez vos ennemis, et priez pour vos persécuteurs » (Mt 5, 44), comment ce Dieu d'amour pourrait-il prendre plaisir à voir couler le sang, que l'on puisse l'honorer en égorgeant ses enfants ? Jésus n'a-t-il pas dit : « l'heure vient où quiconque vous tuera pensera rendre un culte à Dieu. Et cela, ils le feront pour n'avoir reconnu ni le Père ni moi » (Jn 16, 2-3) ?

Certains prédicateurs musulmans enseignent que le Coran ne dit pas de tuer. Chacun peut lire le Coran pour se faire une opinion. Toujours est-il qu'à côté des musulmans dits « modérés » avec lesquels nous entretenons de cordiales relations, il y a des musulmans qualifiés de « non modérés », d'« extrémistes », qui fondent leur intégrisme sur le Coran, de sorte à ce qu'il n'est pas très manifeste aujourd'hui que l'Islam soit une religion de paix. Et si l'on fait un peu d'histoire, on peut se rendre compte que l'Islam s'est propagé à travers la guerre sainte ou djihad. À la Mecque et à Médine, il y avait des communautés de Juifs et de chrétiens qui vivaient en paix avec Mohamed au début de sa prédication. Mais par la suite, ils ont été tous massacrés.

Je ne sais pas quel Dieu les musulmans servent mais certainement pas le Dieu de Jésus Christ. Dès le début de l'Islam les chrétiens n'ont évidemment pas reconnu en Mohamed un envoyé de Dieu. Il n'est pas non plus considéré comme un saint. Pas du tout. C'est pourquoi on ne lit pas des passages du Coran à la messe parmi les lectures.

D'ailleurs que dit saint Jean ? « Bien-aimés, ne vous fiez pas à tout esprit, mais éprouvez les esprits pour voir s'ils viennent de Dieu, car beaucoup de faux prophètes sont venus dans le monde. A ceci reconnaissez l'esprit de Dieu : tout esprit qui confesse Jésus Christ venu dans la chair est de Dieu ; et tout esprit qui ne confesse pas Jésus n'est pas de Dieu ; c'est là l'esprit de l'antichrist. Vous avez entendu dire qu'il allait venir ; eh bien ! maintenant, il est déjà dans le monde » (1 Jn 4, 1-3). Et encore : «  Celui qui confesse que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui et lui en Dieu » (1 Jn 4, 15). Puisque l'Islam ne reconnaît pas que Jésus Christ est le Fils de Dieu venu dans la chair, c'est-à-dire que Jésus est vrai Dieu et vrai homme, alors selon cette indication précieuse de saint Jean, l'Islam c'est bien l'antichrist, c'est-à-dire celui qui s'oppose au Christ, l'ennemi du Christ. C'est biblique.

Certains prédicateurs musulmans prétendent encore que lorsque Jésus disait qu'il allait envoyer l'Esprit Saint, le Paraclet (Jn 14, 16), il s'agissait en fait de Mohamed. Pourtant, le même verset précise que le Paraclet est donné « pour qu'il soit avec vous à jamais », ce qui n'est pas possible pour un être humain. Le Paraclet, c'est l'Esprit Saint qui est Dieu, descendu sur les Apôtres à la Pentecôte (Ac 2). S'il s'agissait de Mohamed, pourquoi Jésus enverrait-il quelqu'un, 600 ans après lui, pour le contredire, pour renier sa divinité, son enseignement et l’Église qu'il a fondée ? N'oublions pas que Jésus a annoncé la venue de nombreux faux prophètes en son nom : « Prenez garde de vous laisser abuser, car il en viendra beaucoup sous mon nom, qui diront : C'est moi ! Et le temps est tout proche. N'allez pas à leur suite » (Lc 21, 8 ; cf. Mt 7, 15 ; Mt 24, 11 ; 2 P 2, 1-3 ; etc.).

Aujourd'hui, si vous voulez faire du mal à quelqu'un, il vous suffit de demander et l'on vous indiquera un très « bon » marabout pas très loin de chez vous qui pourrait le faire vite et bien. Y a-t-il des versets sataniques dans la Bible ? Pour faire du mal à quelqu'un, peut-on utiliser la Bible ou aller voir un prêtre pour lui demander ce service ? Par quelle prière ce prêtre va-t-il procéder puisque Jésus demande d'aimer son prochain, d'aimer même ses ennemis et de prier pour ceux qui nous persécutent (Mt 5, 44) ?

Le dialogue interreligieux est nécessaire pour maintenir la paix sociale, mais il ne convient pas que dans ce dialogue nous nions notre foi, en tenant par exemple des discours ambigus, tel que : « nous avons le même Dieu », sans autre précision. Dieu est unique il est vrai. Mais le Dieu chrétien est Père et Fils et Saint Esprit, et le Fils qui est Dieu, s'est fait chair en la personne de Jésus Christ, ce que ne reconnaît pas l'Islam.

 

Notes :

[1] Au sujet du mariage aussi, lire la note en bas de la page : Le 6ème commandement : Tu ne commettras pas d'adultère

[2] Joseph Fadelle, Le prix à payer, Éditions de la Loupe, 2010.

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