Written by Abbé Blaise Bicaba. Posted in Les 10 commandements.

Le 9ème commandement : Tu ne convoiteras pas la femme d'autrui

C'est difficile de parler du neuvième commandement alors que le sixième commandement n'est plus accepté par beaucoup : tu ne commettras pas d'adultère. Comment quelqu'un pour qui le sexe n'est rien, quelqu'un qui « tire sur tout ce qui bouge », pourrait comprendre que les mauvais désirs soient des péchés ? « Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa. Dieu les bénit et leur dit : Soyez féconds, multipliez-vous, emplissez la terre et soumettez-la » (Gn 1, 27). On voit que Dieu les bénit d'abord avant qu'ils n'aient le droit de faire des enfants. L'exercice de la sexualité doit se faire uniquement dans le mariage, béni par Dieu. C'est par ce sacrement que les époux reçoivent la grâce pour bien vivre ensemble, et pour accueillir et bien éduquer les enfants.

Mais on se moque du mariage de nos jours, on vit comme des animaux, on court à gauche et à droite, on est esclave du sexe, on préfère le concubinage. Les gens ont pas mal de problèmes justement parce qu'ils se sont laissés aller, ils n'ont pas su se maîtriser, dire non. Maintenant ils ne savent plus quoi faire. Ils sont profondément blessés, ils se sentent trahis, utilisés, ils ne voient plus que leur corps a de la valeur, ils n'ont plus confiance en quelqu'un, ils ne croient plus au mariage. Ils voient tout l'argent, tout le temps et l'énergie qu'ils ont mis pour satisfaire un plaisir qui les rongent à présent. Quel gaspillage ! Il y a les maladies, le SIDA, les grossesses dites non désirées qui changent irrémédiablement le cours de la vie. Bien entendu, pour tout cela, les plus grandes victimes sont les filles, qui se laissent flatter facilement au moindre « je t'aime », ou à cause de l'argent facile ou encore parce qu'elles veulent rapidement un mari. S'il t'aime vraiment, qu'il attende le mariage, au lieu de te pousser à haïr Dieu en commettant le péché. Il y a des victimes collatérales comme les enfants nés hors mariage qui grandissent avec des difficultés : très souvent le papa est d'un côté, la maman de l'autre, les parents se sont remariés, c'est tout le temps la bagarre et c'est difficile.

Pour peu qu'on réfléchisse, on devrait se rendre compte que le libertinage n'est pas du tout à notre avantage. C'est pourquoi saint Paul dit : « Mortifiez donc vos membres terrestres : fornication, impureté, passion coupable, mauvais désirs, et la cupidité, qui est une idolâtrie ; voilà ce qui attire la colère divine sur ceux qui résistent » (Col 3, 5-6). Au contraire, ceux qui ont les cœurs purs sont bénis : « Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu » (Mt 5, 8).

On doit combattre les mauvais désirs, justement parce qu'ils constituent des péchés en pensée. Et ensuite c'est eux qui nous entraînent à commettre des péchés plus graves. Voilà pourquoi Jésus dit dans son discours sur la montagne : « Vous avez entendu qu'il a été dit : tu ne commettras pas l'adultère. Eh bien ! Moi je vous dis : quiconque regarde une femme pour la désirer a déjà commis, dans son cœur, l'adultère avec elle » (Mt 5, 27-28). Bien-sûr, la réciproque est vraie pour une femme qui a des désirs impurs pour un homme. De même, lorsque Dieu dit « tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain » (Ex 20, 17), la réciproque est également vraie. : « tu ne convoiteras pas le mari de ton prochain », parce que l'homme et la femme sont tous créés à l'image et à la ressemblance de Dieu et ont la même dignité devant lui.

Mais aujourd'hui, on pousse les gens à des mauvais désirs par les films, les séries, les affiches, et même par certaines façons de s'habiller. Il n'y a plus la notion de pudeur. Si les garçons et surtout les filles savaient quelle malédiction ils s'attirent en s'habillant de façon indécente, ils changeraient de comportement. Il y en a qui se croient bon chrétien, bonne chrétienne, alors que par leur habillement font l'affaire du démon, parce qu'ils pèchent en poussant les autres à pécher, à avoir des mauvaises pensées et à passer plus tard à l'acte.

C'est Jésus lui-même qui le dit : « Il est impossible que les scandales [les péchés] n'arrivent pas, mais malheur à celui par qui ils arrivent ! Mieux vaudrait pour lui se voir passer autour du cou une pierre à moudre et être jeté à la mer que de scandaliser un seul de ces petits » (Lc 17, 1-2). Il ajoute « Si ta main ou ton pied sont pour toi une occasion de péché, coupe-les et jette-les loin de toi : mieux vaut pour toi entrer dans la Vie manchot ou estropié que d'être jeté avec tes deux mains ou tes deux pieds dans le feu éternel » (Mt 18, 8). Si alors certains de nos habits sont occasion de péché, pourquoi ne pas y renoncer simplement ? Qu'est-ce qu'on perd en s'habillant autrement ? D'ailleurs quelqu'un qui s'habille correctement est plus respecté. Quand une fille est mal habillée, ce que les garçons voient d'abord c'est un objet de plaisir. Il n'y a pas de respect pour elle. C'est son sexe uniquement qui les attire. C'est pour cela que les prostituées s'habillent légèrement.

Voyez, les jeunes filles aujourd'hui, même des grandes dames portent comme tenue de ville un collant ou un jean très serré et l'habit du haut n'est pas suffisamment long pour couvrir l'essentiel. On voit tout. Est-ce bien ? Bien-sûr on dira que tout le monde s'habille comme cela, que dans d'autres pays c'est pire. Mais est-ce qu'on doit suivre le monde ? Est-ce qu'on doit faire ce que tout le monde fait ? Notre référence doit-elle être ce qui est bien ou alors on doit s'estimer heureux d'être un peu mieux que ceux qui font pire ? Les filles pensent qu'il n'y a pas de problèmes. Mais pourtant beaucoup de garçons s'en plaignent. Ils ne le disent pas ouvertement, c'est tout. Ou bien, ils se « rincent » les yeux, font des commentaires entre eux, s'imaginent des choses, et quand c'est possible, ils draguent. C'est ce qu'on voit au quotidien.

Lors des retraites que j'anime, quand les jeunes se plaignent et qu'on essaye de sensibiliser les filles, la plupart disent qu'elles n'ont pas d'autres habits. C'est grave. Cela témoigne à quel point le mal est ancré. Aujourd'hui, ce sont les parents eux-mêmes qui habillent ainsi leurs filles, depuis l'école primaire jusqu'au collège. Si déjà petite, une fille grandit ainsi, comment va-t-elle s'habiller à l'adolescence ? Comment ce sera lorsqu'elle achètera elle-même ses vêtements ? Plus tard, ce sont les parents eux-mêmes qui se plaindront que leur fille ne reste pas tranquille, que les garçons ne sont pas sérieux. À qui la faute ? Le miel attire les mouches. On ne peut pas s'habiller de façon provocante sans être provoqué. On ne peut pas vouloir une chose et son contraire.

Le problème de l'habillement ne concerne pas seulement les filles. Il y a des garçons qui ordinairement ont le pantalon volontairement baissé. À quoi cela sert-il ? Mais le phénomène concerne surtout les filles. Le corps féminin n'est pas comme le corps masculin. Ce n'est pas pour rien que beaucoup de publicités font appel à des femmes. Les chrétiennes doivent beaucoup faire attention pour donner l'exemple. Elles doivent apprendre à bien s'asseoir. Les vêtements serrés, transparents, les hauts qui laissent voir les seins ou le nombril, les jupes et les robes qui n'atteignent pas le genou, les fentes exagérées, etc., sont à éviter. Il faut aussi apprendre à s'asseoir. Il y en a qui viennent à la messe ainsi vêtues et qui empêchent leurs voisins de (bien) prier. Est-ce que cela conduit à la gloire de Dieu ? Et dans les paroisses où l'on attire l'attention sur l'habillement, les gens font des commentaires moqueurs. Cela prouve qu'ils n'ont rien compris et que le sexe est banal pour eux. Notre corps est le Temple du Saint-Esprit et nous devons glorifier Dieu par notre corps à travers un habillement correct (cf. 1 Co 6, 19-20).

Le neuvième commandement exige non seulement la modestie dans le vêtement, mais aussi la culture d'une certaine pudeur. On doit faire attention à ce que l'on regarde, à ce que l'on écoute, à nos conversations, à nos lieux de loisirs, à notre façon de danser, etc. Il ne faut pas s'exposer inutilement à la tentation. Certaines musiques sont explicitement perverses. Quand on parle tout le temps de sexe entre amis, on finit par tomber dedans. Il en est de même lorsqu'on est abonné aux boîtes de nuit et à certains types de maquis, à plus forte raison quand on ne se gêne pas de « se rincer les yeux », ou bien regarder des films pornographiques.

Le diable est très rusé. S'il parvient à nous faire négliger le neuvième commandement, il est sûr que tôt ou tard, nous serons bien plongés dans une sexualité désordonnée et nous commettrons encore d'autres péchés. C'est pourquoi saint Paul insiste pour que nous ne laissons pas aller à toute sorte de mode, à toute façon de faire largement répandue en ces termes : « ne vous modelez pas sur le monde présent, mais que le renouvellement de votre jugement vous transforme et vous fasse discerner quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, ce qui lui plaît, ce qui est parfait » (Rm 12, 2).